Il n’y a pas le temps dans une seule journée pour se prendre la tête, je ne peux pas le savoir plus que je ne le sais pour tout vous dire : j’en suis certaines. Le temps est précieux. Le temps vaut clairement : de l’or. La roue tourne à quoi bon gâcher une journée. Mon temps, j’y tenais car tout était question de temps en ce moment avec moi. Entre les cours de Matthew que je devais clairement suivre ou simplement les miens. Les entrainements aussi que je m’efforçais de ne pas rater, en aucunes cas. J4avais la chance qu’ils ne tombent pas aux mêmes moments. Les cours étaient bien calculés pour que les étudiants ne trainent pas tous dans les bâtiments aux mêmes moments. En fait dès mon réveil mon temps était même tellement précieux que la machine à bruit s’était retrouvée à être balancé par la fenêtre. Bien sûr, le balcon l’a retenu et en plus ? Il n’en est même pas revenu cassé. Je vous jure que cet engin est immortel ou maudit. Un des deux et peut-être même les deux. C’est la malédiction du fichu réveil. J’en suis persuadée. Aussitôt, je m’étais mise en préparation. Debout dès l’aurore, c’était toujours ainsi avec moi. Assez tôt, vers les 6 heures du matin. Un bon jogging pour m’échauffer avant l’entrainement et j’y filais. Souple comme toujours. Bien sûr après venait la douche et je m’y rendais assez rapidement pour aller à mes premières heures de cours, celles de mon frère. Une perruque et des artifices physiques puis le tour était joué. Je ressemblais presque à la photo de son dossier. C’est ce qui y avait de bien bon d’être une jeune femme qui ressemblait pratiquement à son frère. Bien sûr, nous ne pouvions pas être des portraits crachés car nous avons aussi les traits masculins comme féminins mais avec une fausse barbe, je passais pour l’instant… inaperçu. Une fois terminé, il était revenu le temps des heures d’entrainement pour lui aussi, un terrain et des muscles. Je n’étais clairement plus dans le même univers et pour tout vous dire : je fatiguais déjà. Mon corps était fatigué. J’avais encore pris un coup mais je m’étais relevée aussitôt. Pas le temps pour pleurer d’un petit bobo. J’attendis qu’ils sortent pour filer sous ma douche. Il serait bête de me retrouver en fille avec eux tandis que les douches étaient toujours séparés mais chut, un peu de courage, on prend la douche en dernière ou en dernier ? Enfin bref. Je filais dessous et chantonnant même un brin avant de retourner dans mon monde de filles bien loin des regards. J’enfilais à nouveau ma tenue de gymnastes. Une bête collant auquel il pourrait manquer le tutu et un peu de courage. J’allais vers l’aréna en me posant assise sur le tapis. Les cours ne débutaient pas avant deux bonnes heures et j’avais du temps à tuer. Du temps à tuer ? Bon sang de bonsoir, dieu soit loué, c’était juste magnifique et ça, j’en avais vraiment besoin. Je fermais un bref instant les yeux pur en profiter. Bon dieu, j’en étais soulagée. Clairement. J’ouvrais alors les yeux en me mettant à regarder le plafond assez intensément. En fait, je pensais. Je pensais à ma vie : à elle qui était ma meilleure amie, à lui qui était son fiancé et à mon frère qui était je ne sais ou avec un rail de coke surement. D’instinct. J’inspirais en refermant brièvement les yeux pour les rouvrir aussi tôt. Je ne quittais pas mon point fixe et pourtant si vous me le demandez, je ne pourrais même pas vous dire quel est ce point. Je fus cependant déconnectée de mon monde en entendant une voix familière. Je ne réalisais pas directement ce qu’elle me demandait. Je fronçais les sourcils. « Hein quoi ? », je me rendais peu à peu compte de sa question en me la répétant un peu dans la tête avec cette mémoire de poisson rouge. « Ah… non, rien ! », je souriais doucement et la regardait alors que je ne l’avais même plus vue depuis l’annonce de ses fiançailles. Je me demandais si elle attendait encore la confirmation pour ce diner à trois. Je n’y avais toujours pas répondue à cette attente d’une soirée de libre. Faire mine d’être overbookée marchait assez bien. Je me redressais pour me poser contre la poutre avec les bras accroché à la barre. Rester assise sur ce tapis pourrait causer une sieste. Quand elle venait à côté de moi, je ne pus m’empêcher de sourire à ce baiser, un fin sourire mais un sourire. « Hummm… je bosse ! Au bowling, pas enrichissant. », pour une fois que c’était une vraie excuse. Je ne lui avais cependant jamais dit que je bossais mais c'était dit, je devais bien le dire. Je n'en avais même pas besoin et elle le savait surement mais c'était bien pratique pour les éviter. Et mince. Ça elle ne devait peut-être pas s'en douter. « Et dimanche, je vais à la pêche avec mon père ! », bon là, d’accord ce n’était pas totalement la vérité car j’allais surtout lui surveiller ses hameçons mais on allait éviter les détails. Il avait l’habitude de ne aimais les recouvrir mais les rapaces venaient toujours les chercher comme s’ils étaient chez eux. Le pauvre après une journée et même s’il en avait utilisé deux. Il n’en restait plus. Je la contemplais regarder autour d’elle et même regarder sa bague avec un sourire presque triste. C’était dingue que ça me tue cette situation. Parfois j’en devenais dingue d’imaginer que j’avais perdue toutes mes chances. Pourquoi les avais-je autorisés à sortir ensemble ce soir-là… il y a un peu plus d’un an ? Pourquoi donc ? Surement par ce que j’étais totalement cinglée. A cette question, je secouais la tête aussitôt, vivement même. « Non, du tout ! », je riais nerveusement en la regardant. « C’est toi sa fiancée, je devrais te poser la question ! », c’était bien étrange parfois, les réactions qu’elle avait. Cette situation qui me rendait dingue avait tendance à me rendre perplexe. Ils étaient tellement proche à mes yeux que je ne m’y sentais pas à ma place mais pas seulement pour ça, surtout par ce qu’une partie de moi : détestait cruellement les voir ensemble. Cela me déchirât le cœur pour diverses raisons. J’étais même contente qu’elle soit seule, je pouvais me sentir plus à l’aise tout en me sentant toujours mal à l’aise de penser que j’aimais son fiancé au point d’en crever de la croiser, elle… pas une autre mais elle avec lui. Je la regardais en souriant. « Tu t’y fais à ta bague ? Combien de carats ? Pas trop lourde ? », demandais-je en riant doucement. Il fallait bien que je sois une bonne meilleure amie et que je tienne mon rôle en m’intéressant à cette union même si elle me donnait envie de m’exiler vers le Népal, bien loin. « Sinon tu fais quoi toi, ce weekend ? Enfin comment tu vas ? », en général même si l’on se voyait peu en ce moment : les sms sauvaient tout. Je ne savais même pas compter combien j’en envoyais. J’étais un accroc du tactile. Hop toujours le doigt sur mon écran à envoyer des messages. Il fallait dire que je ne passais pas une journée sans contacter Jamie que ce soit d’un message ou plus. « Et Mattéo, comment il va ? », si c’était bon pour elle, c’était bon pour lui aussi. Je les fuyais tous les deux une fois hors du camp et même si c’était difficile de m’intéresser à eux ou parler de l’un ou l’autre avec l’autre… je m’efforçais de le faire. Je devais bien apprendre à vivre de mes erreurs.