Cela faisait maintenant plusieurs jours que nous avions pris la décision de revenir à Greeley. Quand je dis nous, j’entends par-là ma mère et moi. Depuis quelques mois maintenant, je l’avais rejoint à Los Angeles. Je ne me sentais plus de vivre en présence de ma sœur et de mon père. Pas après la découverte que venait de faire Melody. Elle avait compris que je me droguais, que je sniffais de la coke et qu’en plus c’était entre guillemets à cause d’elle. Disons que le fait de voir que je n’avais pas réussi à comprendre son mal être m’avait complètement démoli. Je suis tout de même son frère jumeau, on est comme qui dirait connecté et là je n’avais rien vu. J’étais surement trop occupé à m’occuper de moi, de ma passion. J’avais rapidement compris que j’avais été égoïste sur ce coup et c’est surement parce que j’étais déçu de mon comportement que j’ai commencé à prendre cette poudre. Je sais, c’est une faiblesse de tomber là-dedans pour oublier ces soucis. Mais je m’en fichais totalement, j’avais besoin de ça. Maintenant que j’avais vu la déception de ma jumelle et la pitié que je lui inspirais, je n’avais pu faire autrement que de prendre la poudre d’escampette. Je n’avais même pas eu le courage de lui dire, je lui avais tout de même laissé une lettre. Lettre dont j’avais fait une copie. Pas un jour ne s’est écoulé sans que je ne la lise. Je lui disais tout ce que je ressentais et surtout, je tenais à lui faire comprendre que je partais pour en finir avec mon addiction. Voici cette lettre :

« Ma tigresse de sœur,

J’ai décidé de partir pour Los Angeles. Depuis que tu m’as percé à jour, j’ai honte de ce que je suis. Je ne veux pas que tu me vois comme un junky et je ne veux surtout pas lire la détresse et la pitié dans tes yeux. C’est pour cette raison que je pars pour régler mon addiction. Ne t’inquiètes pas, je reviendrais rapidement. Je te laisse en compagnie de Mattéo, je sais qu’il va prendre soin de toi… Ne cherches pas à lui demander où je suis, il ne le sait pas. Je veux également que tu saches que si je pars, ce n’est pas complètement à cause de toi. C’est juste que c’est difficile pour moi de me faire à l’idée que tu saches ce que je suis. Tu penses que c’est de ta faute si je me drogue mais ce n’est pas tout à fait le cas. Disons que si je prends cette saloperie, c’est tout simplement parce que j’ai eu honte de ne pas voir ton mal être. Si je me détruis, c’est tout simplement parce que je ne me pardonne pas de ne pas avoir vu que tu allais mal. Nous sommes tout de même frère et sœur et qui plus est jumeau. Nous sommes comme qui dirait connecté et je n’ai rien vu, rien senti. C’est juste quelque chose d’impardonnable. Je te demande juste une chose, ne m’en veux pas. Si je pars, c’est pour revenir plus vite et plein forme, sans cette dépendance. Je n’ai rien dit à papa, tu vas donc devoir lui annoncer. Je te demande juste une chose, ne lui dis pas que je prends de la coke. Dit lui juste que j’avais besoin de réfléchir à mon avenir dans le sport ou un truc comme ça. Je sais que c’est quelque chose de délicat que je te demande mais je ne me vois pas l’affronter à mon retour. Je sais que s’il apprend toute la vérité sur mon addiction à cette drogue dure, il ne me verra plus comme le fils que je suis et il n’aura certainement plus confiance en moi. Et puis je ne veux pas non plus qu’il s’inquiète pour moi… Bref, j’espère que tu comprendras ce départ soudain et que tu ne m’en voudras pas trop.

Je t’aime, ton bro’ adoré. »

A présent, cela ne faisait que quelques heures que l’avion avait atterri à Greeley. J’étais heureux de revoir ma patrie natale et j’étais encore plus heureux à l’idée de retrouver ma jumelle. Oh oui, elle m’avait beaucoup trop manquée. Je ne prenais plus de drogue, malgré tout, je reste fragile. Mais une chose est sure, je ne touche plus à cette merde et c’est tout de même la raison de mon départ soudain. Après quelques minutes en taxi, mes affaires étaient à présents déposées dans ma chambre. Il n’y avait personne à la maison et je me demandais où pouvait bien être passé ma famille. Etre parti tout ce temps m’avait légèrement déboussolé et j’avais totalement oublié que nous étions un jour en pleine semaine et que donc par conséquent, ma sœur devait être en cours. Peu importe, je n’étais pas resté longtemps à la maison, juste le temps de me rafraîchir et je pris la route pour le camp. J’avais besoin de retrouver le terrain de foot qui abritait de nombreux souvenirs. J’en avais réellement besoin. Je n’avais pas mis bien longtemps pour retrouver mes marques et une fois au camp, je pris d’un pas décidé le chemin du terrain. Je ne me doutais pas du tout que je trouverais quelqu’un à la place de mon poste. J’étais quelque peu surpris de voir tout ce monde, c’est en sortant mon portable et en voyant la date que je compris pourquoi il y avait tant d’étudiants. J’étais à présent dans les tribunes et là, vision surprenante, il y avait quelqu’un qui jouait à mon poste. J’avança un peu plus et je vis quelqu’un qui se présentait comme moi et qui plus est portait mon numéro et mon nom… J’étais quelque peu éberlué…

« - Mais c’est quoi ce bordel ? »

J’avais l’impression d’avoir une hallucination, d’avoir pris une dose de coke sans m’en rendre compte… Je continuais mon chemin jusqu’à arriver sur la pelouse. J’espérais me tromper. En tout cas, j’étais à deux doigts de me pincer pour voir si je rêvais…

Etre parti toutes ces longues semaines avait été une épreuve assez difficile pour moi. Pourtant, je savais que cette séparation avec ma famille était nécessaire pour ma guérison. Après tout, il fallait que je me retrouve avec moi-même pour résoudre ce problème. Oui, tous mes problèmes étaient nés du fait que je n’arrivais pas à assumer le fait que j’étais quelqu’un d’humain qui ne pouvait pas tout voir et surtout qui ne pouvait pas toujours protéger les gens que j’aime. Une prise de conscience qui fut difficile à prendre et qui avait donc été à l’origine de ma traversée du désert et de ma prise de cocaïne. A présent, après de longues semaines à Los Angeles, j’avais réussi à comprendre que ce n’était pas de ma faute si ma jumelle avait voulu mettre fin à ses jours et que fatalement, je n’aurais surement rien pu faire pour l’éviter. Maintenant, je me concentrais sur le fait qu’elle était en vie et que je ferais tout de même de mon mieux pour la protéger. C’est pour cette raison et parce que j’avais pris conscience de tout ceci que j’avais arrêté la drogue et que j’avais pris le 1er avion pour rentrer. Je n’étais pas seul, ma mère était également du voyage. Personne n’est au courant, et je pense qu’il va falloir que son retour reste secret. Pourquoi ? Tout simplement parce que ma sœur ne veut plus entendre parler d’elle et mon père également. Je ne lui ai pas pardonné de nous avoir abandonné mais le fait de savoir qu’elle a un cancer m’avait quelque peu adouci. Mais attention, si j’ai à nouveau des contacts avec elle, je ne lui pardonne toujours pas son abandon quelle que soit la raison. A présent, nous étions de retour et c’était ça le principal. J’allais pouvoir revoir Melody et la prendre dans mes bras. Je pourrais reprendre mes bonnes vieilles habitudes et me taper les nanas que je veux. Parce que oui, durant cette période dite de « sevrage », je n’ai pas vraiment eu le temps de toucher une fille. J’étais bien trop faible. Résister au manque était une épreuve et je dois avouer que vu comment j’en ai bavé, jamais je ne retomberais dans cette merde.

Je n’avais pu m’empêcher de retourner sur le terrain de sport. Ce terrain abritait tellement de souvenirs que je n’avais pu me résigner à attendre le lendemain pour y aller. Je n’avais vraiment pas réfléchi à l’impact que cela pourrait avoir. Et puis d’un côté, je ne me doutais pas de ce qu’avait entrepris ma sœur. Comment aurais-je pu deviner ce qu’elle faisait ? Je n’avais aucun contact avec elle. En attendant, elle était tout de même à ma place et elle était en train de s’entraîner. Parce que oui, c’était bien elle. Elle était venue m’engueuler si l’on peut dire ça. Elle était très clairement en train de me faire comprendre que je n’avais rien à faire ici et que si je restais ne serait-ce qu’une seconde de plus, elle allait se faire chopper. Alors comme ça depuis mon départ, ma jumelle adorée me couvrait pour ne pas que mon coach sache que j’étais parti ? Je ne comprenais pas trop… Parce qu’après tout, les autres devaient savoir que je n’étais pas là… La voir dans cette tenue m’avait comme qui dirait couper la voix et je dois dire que je ne savais pas vraiment quoi dire… Elle ne m’avait même pas mise la tête au carrée pour être parti sans lui avoir dit un mot. Pourtant, en prenant la décision de revenir, je m’étais dit qu’elle me tuerait sur place en me revoyant. Mais non, pas du tout… Elle avait juste peur pour notre place dans le camp. Et je comprenais tout à fait ce qu’elle voulait dire. Malgré tout, j’avais tout de même quelques questions à lui poser. Après qu’elle eut fini de passer ses nerfs sur moi, je pus donc enfin me mettre en quête de lui répondre.

« - Excuses-moi d’avoir eu envie de retrouver le terrain qui nourrit la passion de ma vie… Et puis qu’est-ce que tu fiches ici dans cette tenue d’abord ? Je ne comprends pas là… »

Oui, je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle était là. Je sais bien qu’elle aime ce sport puisqu’on a passé notre enfance à jouer au football américain. Mais de là à prendre ma place pour pouvoir y jouer, je ne comprenais pas vraiment. Je ne pus m’empêcher de rire en la voyant dans cette tenue. Mais je pris la décision de me mettre en retrait pour que les autres ne puissent pas me voir. J’attendais tout de même sa réponse pour comprendre qu’elles étaient ses intentions. Voulait-elle prendre ma place ou bien alors m’éviter de me faire virer ? En tout cas, j’étais tout de même ravi de la revoir et je la pris bien rapidement dans mes bras. Elle était ma vie et je ne pouvais le nier, la revoir me faisait un bien fou. Maintenant, reste à savoir si elle était du même avis. Alors ma jummy content de me revoir ?